Les médecins ont avoué être « abasourdis » par les premiers résultats d'un nouveau traitement contre le cancer après la guérison de plusieurs patients considérés comme incurables.
Il ne leur restait que quelques mois à vivre et désormais le cancer n'est pour eux qu'un mauvais souvenir. 27 des 29 patients atteints de leucémie aigüe lymphoblastique et traités par l'équipe du professeur Stanley Riddell ont été entièrement guéris alors que tous les traitement essayés jusqu'ici ainsi que la chimiothérapie avaient échoué. Cette rémission quasi-miraculeuse est due à une nouvelle méthode d'immunothérapie testée par plusieurs équipes de chercheurs à travers le monde et qui laisse entrevoir de nombreux espoirs pour guérir les patients atteints de leucémie ou de plusieurs autres types de cancers.
Pour arriver à ces résultats, le professeur Stanley Riddell explique avoir « reprogrammé » des lymphocytes T appartenant aux patients grâce à un virus désactivé avant de les réinjecter dans l'organisme. Ces lymphocytes « dopés » sont alors plus résistants et ciblent directement les cellules cancéreuses dans le sang.
Si les traitements classiques suffisent à guérir les leucémies aigües lymphoblastiques dans 70 à 90 % des cas, cette nouvelle technique appelée « thérapie cellulaire » permettrait de traiter des patients en phase terminale pour lesquels les autres traitements n'étaient pas efficaces. De plus, le principe pourrait être réutilisé pour d'autres types de cancers avec la même réussite.
Si les pourcentages de patients guéris annoncés par le professeur Riddell sont impressionants, la technique utilisée n'est pas tout à fait nouvelle. En 2011, deux américains avaient survécu à une leucémie grâce à l'injection de lymphocytes reprogrammés et en 2014, un hôpital londonien avait déjà pu guérir un bébé de 14 mois atteint d'un cancer du sang grâce à une méthode similaire.
Il faut néanmoins se garder de crier victoire trop vite car ces résultats, si encourageants soient ils, n'ont pas encore fait l'objet d'une publication dans une revue médicale et n'ont donc pas pu être analysés par la communauté scientifique. Par ailleurs, la nécessité d'effectuer un prélèvement et une modification des lymphocytes pour chaque patient rend la méthode complexe et ferme la porte à un traitement universel pouvant être commercialisé. Enfin, il est encore trop tôt pour connaître avec précisions les éventuels effets secondairs liés à l'immunothérapie.
Au fil des années, la thérapie cellulaire devrait prendre une place de plus en plus importante dans le traitement des cancers aux côtés des radiothérapies et chimiothérapies qui restent aujourd'hui les méthodes les plus utilisées. Les laboratoires pharmaceutiques fondent en tout cas de grands espoirs sur cette technologie nouvelle et ont déjà engagé une course à l'innovation en investissant dans l'immunothérapie à coups de centaines de millions de dollars. GSK a par exemple déboursé 350 millions de dollars pour s'offrir la start-up spécialisée Adaptimmune tandis que Juno Therapeutics réussi à lever 175 millions de dollars dès sa création en regroupant les spécialistes de deux des plus grands centres de recherche spécialisés dans la lutte contre le cancer.